Susi Mauderli

Susi Mauderli se qualifie d’épicurienne. Dès qu’elle en a l’occasion, elle part en montagne. « Ça me donne de la force et me fait du bien. L’alpinisme nécessite de la concentration et a sur moi un effet extrêmement libérateur. »

« La violence sous toutes ses formes me met en colère »

Susi Mauderli

(*1970) vit dans le canton de Soleure, où elle élève seule ses deux filles. Elle a suivi une formation d’agente d’exploitation à La Poste suisse. Voyageuse dans l’âme, elle a entrepris de longs voyages à l’étranger. Ce qu’elle préfère durant son temps libre, c’est passer du temps en montagne. Après
avoir travaillé durant 18 ans au département Marketing et Communication de Procap Suisse, elle occupe depuis 2020 un poste au département Voyages & Sport.

Interview Sonja Wenger Photos Markus Schneeberger

Procap : Tu as fêté tes 20 ans d’activité chez Procap au début du mois de février 2022. Cela signifie aussi que tes premiers jours et premières semaines ont dû être bien animés.
Susi Mauderli
: En effet. Le changement de nom de « Association suisse des invalides » à « Procap Suisse » a eu lieu précisément le jour où j’ai commencé mon travail. Parmi les premières tâches qui m’ont été confiées au sein du service Marketing et Communication (Markom), je devais informer les médias par courrier postal du changement de nom. Sans oublier que l’euro venait d’être introduit un mois plus tôt. Je n’exagère pas en disant que les devises européennes arrivaient par camion pour la récolte de monnaies étrangères. Nous avons stocké jusqu’à 50 tonnes de pièces et de billets. Par mon activité à La Poste, j’étais habituée à manipuler de l’argent, mais toujours de manière bien ordonnée et au centime près. Chez Procap, nous devions transporter des centaines de kilos de monnaies dans des caisses ou des sacs, et faire face à de nombreuses situations absurdes. Dommage que je n’ai jamais été contrôlée par la police avec tout cet argent dans la voiture.

Que signifie Procap pour toi ?
Je m’identifie complètement aux objectifs de Procap. Il a toujours été important pour moi de pouvoir travailler avec conviction et passion, autant dans les contacts humains, qu’avec les membres des sections, la clientèle des voyages ou les collègues. J’ai traversé une période difficile il y a quelques années. Un environnement professionnel sur lequel on peut s’appuyer est quelque chose d’enrichissant en temps normal, mais quand on traverse une crise, c’est capital.

Un diagnostic de troubles du spectre autistique (TSA) est tombé tardivement pour ta fille aînée. Penses-tu que ton travail chez Procap a permis de mieux appréhender la situation ?
Au début, je ne savais absolument pas quoi faire, de surcroît parce que pendant des années, personne ne me croyait quand je disais que ma fille était un peu différente. Jusqu’à ce que je participe à une formation continue chez Procap sur le syndrome d’Asperger et les TSA. J’avais l’impression de savoir de quoi il s’agissait. Mais le diagnostic n’a été posé que plusieurs années après. Il était évident. Grâce à Procap, j’ai pu obtenir des informations très utiles sur ce qu’il fallait faire et à quel moment.

De quoi es-tu le plus fière ?
D’avoir réussi à surmonter les années difficiles et d’en être sortie plus forte. J’ai beaucoup réfléchi et appris durant cette période. Aujourd’hui, je me sens sereine et heureuse.

Si tu pouvais avoir un super-pouvoir, lequel choisirais-tu ?
Je voudrais apporter la paix dans le monde, partout sans exception. Toutes les formes de violence me mettent en colère, qu’elle soit dans la famille, contre les personnes vulnérables, les minorités, les êtres humains et même contre les animaux.

As-tu un rêve un peu fou ?
J’aimerais me tenir au sommet de ma montagne préférée, l’Eiger, en y étant arrivée par mes propres moyens et donc sans hélicoptère. C’est théoriquement possible, mais je ne pense pas que ma condition physique me permettrait d’y parvenir.

Qu’est-ce qui a changé selon toi au cours des 20 dernières années en ce qui concerne la manière dont sont perçues les personnes avec handicap ?
Avant, on ne remettait pas en question le mot « invalide », par exemple. Même les personnes avec handicap l’utilisaient. Ou bien on cachait les membres d’une famille avec handicap. On ne les voyait tout simplement pas en public. De nos jours, ce sont des choses impensables ! Il y a quelques années encore, les enfants avec handicap étaient systématiquement scolarisés dans des écoles spécialisées, même si leurs capacités cognitives leur permettaient de suivre l’enseignement ordinaire. La manière dont sont perçues les personnes en situations de handicap et le comportement de la société ont tout même beaucoup évolué.

Que faut-il pour que la société devienne plus inclusive ?
Je pense que ce n’est pas seulement la société qui doit être sensibilisée. Chaque personne devrait se montrer telle qu’elle est et faire ce qu’elle aime, sans se limiter ou limiter les autres. Chaque personne, avec ou sans handicap, peut apprendre et profiter de la diversité des autres.