Isabelle Mora

« Ce que je préfère dans mon travail ? C’est le contact avec les gens et le fait de pouvoir les aider en trouvant des solutions à leurs besoins. »

« J’aime trouver des solutions »

Isabelle Mora

(*1972) vit depuis son enfance dans le canton du Valais. Elle est architecte et travaille depuis 2018 à temps partiel pour Procap Valais romand. Passionnée de sport et de nature, elle donne des cours de spinning pendant son temps libre.

Interview: Ariane Tripet, Photos: Photoval.ch / Valérie Pinauda

Procap : Quels sont les trois mots que tu utiliserais pour te décrire ?
Isabelle Mora :
Généreuse, authentique et dynamique. Généreuse, parce que j’aime offrir, aider, partager et j’aime les gens. Authentique, parce que je suis entière, plutôt terre à terre et j’aime la simplicité. Et dynamique, parce que suis pleine d’énergie. On me surnommait même Speedy Gonzales. Et ma fille me dit souvent « tu es trop positive, tu m’énerves » (rires).

Qu’est-ce qui te passionne ?
Le vélo. J’en ai même à mon bureau, parce que j’ai des chantiers à Sion et c’est plus simple pour me déplacer. Aujourd’hui, je roule surtout pour le plaisir, mais avant j’étais attirée par les défis. Le plus fou a été le parcours Canobbio-Sion en passant par le Simplon, en une journée. Maintenant, j’ai trouvé l’équilibre. Depuis une vingtaine d’années, je donne des cours de spinning (ndlr : vélo d’intérieur). Ça, ça me passionne ! J’aime aussi beaucoup être dans la nature. J’aime les balades et les arbres. Ça me permet de me ressourcer.

En quoi consiste ton travail pour Procap ?
Une grande partie de mon travail consiste à examiner les demandes d’autorisation de construire. En Valais, toutes les demandes de mise à l’enquête nous parviennent automatiquement lorsque les constructions comprennent des places de travail, que c’est ouvert au public et qu’il y a plus de quatre logements. Ensuite, il y a le conseil projets, qui est du conseil aux architectes et aux autorités. On s’occupe aussi de la reconnaissance des travaux. Lorsqu’une construction est finie, la commune concernée nous demande d’aller valider si elle est bien accessible et que tout a bien été fait aux normes. Il y a malheureusement souvent des problèmes : une barre mal placée, des WC qui ne sont pas dans le bon axe. Et pour corriger tout ça, ce sont des sacrés coûts. Une solution pour éviter ces situations serait d’être plus présente pendant la phase d’exécution des plans. Par ailleurs, je donne des cours à des étudiant·e·s du domaine quatre à six jours par année. J’organise toujours une demi-journée de sensibilisation au cours de laquelle les élèves doivent se déplacer en fauteuil roulant, ce qui leur fait prendre conscience des obstacles physiques qui peuvent être rencontrés au quotidien. Aussi, je fais du conseil individuel en construction pour Procap.

Qu’est-ce que tu préfères dans ton travail ?
Le contact avec les gens et le fait que ça me donne la possibilité d’aider les autres. J’aime trouver des solutions.

Quel est le plus grand challenge ?
Trouver la solution optimale avec les moyens les mieux adaptés. Chaque personne est unique. Les besoins varient donc d’une personne à l’autre. Bien sûr, la norme SIA 500 – qui décrit les exigences des constructions sans obstacles – aide beaucoup. Mais il s’agit surtout d’adapter en fonction du logement et de la personne. Et c’est ce qui est intéressant : aller chercher les bonnes informations chez les personnes compétentes pour les mettre en lien et avancer ensemble d’une manière cohérente. L’écoute est dans ce cadre très importante : quels sont les besoins du client ou de la cliente ? Ses habitudes ? Comme je ne sais pas tout, j’ai besoin de l’ergothérapeute pour mieux comprendre le handicap et ce dont la personne a besoin. J’ai aussi besoin que des spécialistes me renseignent sur les moyens auxiliaires qui peuvent être accordés par l’AI. Et avec toutes ces informations, je trouve des solutions pour la transformation. C’est ce qu’on développe dans le conseil individuel.

Est-ce qu’il y a beaucoup de demandes de conseils individuel en construction de la part des membres de Procap ?
Je pense qu’il y a de la demande. Mais les membres ne savent pas tous que cette prestation de conseil individuel en construction existe et qu’elle est gratuite pour eux.

Que reste-t-il à inventer dans le domaine ?
Travailler avec différents matériaux pour allier la norme à l’esthétique. Par exemple, pour permettre à une personne avec une déficience visuelle de voir les marches, il faut marquer la contremarche avec une bande d’une autre couleur. Au lieu d’utiliser une bande autocollante comme c’est souvent le cas, on pourrait travailler avec des couleurs de béton différentes, ce qui serait beaucoup plus esthétique. Mais il faut penser à ce genre de détail dès le début.

Comment créer une société plus inclusive ?
Pour moi elle se crée. Parfois j’aimerais que ça avance plus vite, mais elle se crée. Comme pour tout dans la vie, tout dépend de la façon de voir les choses. Je vois l’évolution des politiques, des gens – en tout cas ici en Valais – d’une manière positive. Je trouve que ça avance, mais ça reste mon point de vue.

Si tu pouvais avoir un super-pouvoir, ce serait lequel ?
La paix. Que toute personne arrive à se sentir en paix. Je pense l’avoir découvert. Ce bien-être, quand on est en paix avec soi-même et ce qu’on peut donner aux autres, c’est un sentiment tellement beau.

As-tu un grand rêve ?
Je le vis tous les jours. C’est peut-être un peu fort de dire ça. Mais je pense que c’est justement la paix avec soi-même. Et le grand amour, aussi. Parce que c’est aussi l’amour qui m’a permis de trouver cette paix. Tout s’est aligné. Et avec ma famille, je suis super heureuse. Mes enfants vont bien, je suis en pleine santé. Je suis pleine de gratitude tous les jours.