Damian Bright

Damian Bright rêve que tous les êtres humains soient égaux et que chaque individu puisse décider lui-même du lieu et de la manière dont il souhaite vivre.

« Nous faisons tous partie de ce monde »

Damian Bright
(*1991) vit avec sa mère dans une maison dans le canton de Saint-Gall. Membre de Procap depuis des années, il travaille notamment comme animateur pour le projet de sensibilisation Voyons plutôt. En 2021, Damian Bright a achevé une formation d’auxiliaire scolaire en trois ans, et il a obtenu cette année en formation continue un CAS Diversité et inclusion dans les arts performatifs à l’Académie Dimitri. Il suit actuellement une formation continue de reporter sans barrières.

Interview: Patrick Dubach
Photos: Markus Schneeberger

Procap : Damian, tu as longtemps fait partie de la troupe de théâtre Hora et tu as chorégraphié ton propre spectacle de danse dans lequel tu te produis en solo. Quel est le sujet de cette pièce ?
Damian Bright :
Le spectacle s’intitule « I belong » et son objectif est de dire : « Je fais partie de la société, autant que vous. Je veux avoir les mêmes droits que les personnes sans handicap. Je veux aller voter et décider moi-même où et comment je veux vivre. » Les personnes en situations de handicap habitent encore souvent dans des foyers, cachées et en marge de notre société. J’ai moi-même vécu dans un foyer, c’était très difficile.

Tu n’es pas seulement actif dans le domaine artistique, mais aussi en politique, n’est-ce pas ?
Oui. J’ai contribué, en tant qu’autoreprésentant, à l’initiative pour l’inclusion lancée récemment, et j’irai certainement récolter des signatures au printemps prochain.

Quel est le but de cette initiative ?
La Suisse a signé la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) en 2014. Pourtant, nous sommes encore loin d’avoir atteint les objectifs. De ce constat est née l’initiative. Son but est d’accroître la pression sur le monde politique pour que la Suisse aussi mette enfin en œuvre les exigences de la CDPH. Nous, les personnes avec handicap, voulons mener une vie autonome. Une façon d’y arriver est par exemple d’assurer un accès libre aux prestations d’assistance.

Perçois-tu une contribution d’assistance ?
Non, alors que j’en ai fait la demande il y a trois ans déjà. J’aimerais que quelqu’un m’aide à faire la cuisine, le ménage et à organiser mes rendez-vous. Je n’arrive pas à m’exprimer assez précisément à l’écrit, donc là aussi j’ai besoin d’aide. Et puis j’ai tout simplement besoin de plus de temps pour tout. Pendant le confinement, le rythme de vie de notre société a ralenti et j’ai dit à ma mère : « Voilà, j’en fais enfin partie. »

Tu étais et es toujours très investi professionnellement. Que fais-tu actuellement ?
Je me produis sur scène avec mon spectacle dans les écoles et les musées pour sensibiliser. Je suis aussi réviseur de textes en langue facile à lire. Je fais également partie du comité de la nouvelle association Kultur für alle qui vise à sensibiliser le secteur culturel de Suisse orientale. Et je fais aussi une formation continue de reporter sans barrières. C’est un projet inclusif qui forme des personnes en situations de handicap au métier de journaliste.

Que faut-il pour parvenir à une société inclusive ?
Nous en sommes encore très loin. Des associations comme Procap, Pro Infirmis, Inclusion Handicap, insieme et d’autres doivent apporter leur aide. Nous, les personnes avec handicap, ne pouvons pas réussir à tout faire seules.

Quel est ton plus grand rêve ?
Je rêve que tous les êtres humains soient sur un pied d’égalité. Nous faisons tous partie de ce monde.

Si tu pouvais avoir un superpouvoir, lequel choisirais-tu ?
Je n’ai pas besoin de superpouvoir. Nous devons simplement continuer de nous battre pour nos droits. Il ne faut pas de superpouvoir particulier pour ça, uniquement de la persévérance et de la volonté.

En quoi es-tu particulièrement doué ?
M’exposer et dire ce que je pense. Je tiens ça de ma formation de comédien. Et méditer. Depuis tout petit, j’ai ce calme ancré en moi.

As-tu une philosophie de vie ?
Ne dépense pas trop. Tu as ce que tu as. Mais sois généreux avec les personnes qui t’entourent. Parce que tu es tout petit. Tu n’es qu’une partie de l’univers [ndlr].

Y a-t-il autre chose que tu souhaites dire à nos lectrices et à nos lecteurs ?
Par pitié, ne soyez pas gentils. Soyez forts ! Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons défendre nos droits.