Texte et photos Ariane Tripet
Le clapotis de l’eau contre les coques des bateaux résonne doucement : il est 10 heures du matin au port de Prangins, en cette mi-septembre où l’été semble vouloir jouer les prolongations. L’eau du Léman scintille sous les rayons du soleil, miroitant autour des embarcations prêtes à prendre le large. Sur le quai, une dizaine de personnes, gilets de sauvetage sur le dos, s’apprêtent à embarquer sur trois voiliers et un bateau d’intervention à moteur chargé de les suivre. Parmi les personnes présentes, quatre membres de Procap Lausanne et environs, trois accompagnant·e·s, quatre moniteurs de voile et la nouvelle responsable d’animation de la section Yvana Von Allmen.
L’excitation est palpable. Un peu d’appréhension aussi. Mais la cheffe de base de Swiss Disabled Sailing–Handivoile Maud Ramuz et ses collègues savent y faire. Après quelques explications ponctuées de plaisanteries, les trois duos sont formés et s’en vont en direction d’un voilier, accompagnés d’un moniteur. Pour grimper, il faut un peu de courage : ça tangue un peu. Pour Maurice, qui est en fauteuil roulant, c’est une autre histoire. Passer de son fauteuil au bateau demande une dose de confiance dans le système. Il doit d’abord s’asseoir dans une sangle de transfert qui l’enveloppe totalement et assure sa sécurité. Accroché à une corde, il est ensuite surélevé à l’aide d’un lève-personne qui fonctionne grâce à un mécanisme tournant supervisé par un moniteur.
Après avoir pris place à bord, la joyeuse troupe quitte le port, portée par un vent léger – idéal pour une initiation. Les yeux pétillants, Gabriel* (nom connu de la rédaction) se confie : « C’est la première fois que je conduis un voilier. » Suivant les instructions du moniteur, ce jeune de 22 ans déploie le foc (la voile avant) en tirant avec vigueur sur la corde, conduit le bateau en dirigeant la barre à droite ou à gauche, en portant une attention particulière au foc, qui doit rester gonflé. A le regarder, on dirait qu’il a fait ça toute sa vie.
Sa mère l’observe depuis le bateau d’intervention. Elle est ravie qu’il découvre de nouvelles activités. Comme il vit à la maison, c’est elle qui se charge d’organiser un programme pour lui, et elle confie que ce n’est pas évident. Il existe peu d’activités organisées en journée pour les personnes avec handicap vivant hors d’une institution. Alors, quand elle a reçu le programme d’activités 2025 de Procap Lausanne proposant des dates variées, elle a été enchantée et elle a inscrit son fils à plusieurs sorties. « C’est l’occasion pour lui de rencontrer de nouvelles personnes, de se faire des ami·e·s et de participer à des activités qu’il ne ferait pas autrement. »
Après un peu plus d’une heure sur l’eau, les voiliers reviennent doucement vers le port, quelque peu aidés par le bateau à moteur à cause du vent maintenant quasi inexistant. Le soleil est toujours au rendez-vous, et les sourires aussi. Une petite collation préparée par Yvana attend les participant·e·s sur le quai. L’ambiance est joyeuse. Tout le monde est ravi de l’expérience. « C’est une chance de pouvoir vivre ce genre de moment », confie Maud Ramuz. « On travaille à rendre la navigation accessible, sécurisée et agréable pour toutes et tous. Ce genre de sorties permet de se familiariser avec le monde de la voile, mais aussi de prendre confiance en soi. » L’association SDS, fondée pour promouvoir la voile adaptée sur le Léman, propose des initiations et permet à un large public de goûter aux plaisirs de la navigation.
Cette sortie découverte de la voile s’inscrit dans le riche programme d’activités 2025 proposé par Procap Lausanne et environs. Yvana a mis sur pied près de vingt activités : balades, activités sportives, ateliers créatifs ou sorties culturelles… il y en a pour tous les goûts. « L’idée, c’est de proposer des activités accessibles, mais surtout riches de sens et d’échanges », explique-t-elle. « C’est en vivant des expériences ensemble, en dehors du quotidien, qu’on crée du lien et qu’on élargit les horizons. » Yvana a rejoint Procap Lausanne et environs en 2025, avec l’envie de dynamiser encore davantage l’offre. Son objectif : permettre à chaque membre de vivre des moments valorisants, adaptés à ses besoins, tout en favorisant l’autonomie et la socialisation.





