Se déplacer en fauteuil électrique demande une planification minutieuse et des nerfs d’acier. En effet, on n’est jamais certain·e d’arriver à bon port. Comme plus d’un tiers des gares ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite, tout déplacement en train, ou presque, doit être annoncé par téléphone au moins une heure à l’avance. Mais l’aide promise n’est pas toujours au rendez-vous. Il arrive que l’on m’oublie. Le voyage se termine alors abruptement. La spontanéité est aux abonnés absents et la fiabilité fragile, notamment lorsqu’il s’agit d’arriver à l’heure à un rendez-vous. Quant aux ascenseurs menant aux quais, je pourrais aussi bien jouer au loto. S’ils sont hors service, je n’ai pas accès au train ou je reste en rade sur le quai. Ces situations sont très stressantes et éprouvantes.
Sans oublier qu’en étant ainsi « handicapée », j’attire l’attention et dépends constamment de l’aide de tiers, de leur humeur. On est bien loin de l’autonomie et de la liberté promises. Quand le train est plein, j’entends des gens se plaindre à haute voix de la place que j’occupe ou affirmer que je devrais me déplacer aux heures creuses, voire pas du tout. Je ne suis donc pas surprise d’apprendre que certain·e·s n’osent plus prendre les transports en commun, que ces personnes se sentent trop handicapées par leur environnement, marginalisées et rejetées par la société...
Mais il y a aussi des gens qui se retournent, qui demandent gentiment et qui essaient d’aider. Je les remercie de tout cœur. Il serait bon qu’ils soient plus nombreux.